L’aspect institutionnel évident de l’orientation universitaire comprend une dimension de connaissance et de compréhension du fonctionnement du système (universités, BTS, DUT, licences pro…) et de la législation (droits et obligations scolaires), des interlocuteurs (CIO, SCUIO, ONISEP…) et des procédures (CV, lettre de motivation, communication manuscrite ou numérique…). Un aspect moins évident concerne la prise en compte de facteurs soit culturels (importance accordée aux protocoles, aux habitudes et codes – marques de politesse, de civisme…) soit plus individuels comme le savoir-faire et le savoir-être. Ce dernier est intrinsèquement lié au vécu de chacun dans un contexte culturel donné. La réserve ou la soumission, gages de survie ou de considération dans certaines sociétés, ne sont pas fatalement de mise en France où sont attendus autonomie, répondant, investissement réflexif… sous une forme différente de celle adoptée ailleurs. Ainsi, la capacité de prise de recul et d’autoanalyse des pratiques professionnelles en vue de réinvestissement attendus, qu’elles soit personnelles ou communicationnelles – formation de formateurs – ne sont, entre autres, pas les mêmes. C’est jusqu’à la personnalité intime de l’individu qui peut être remise en cause via sa manière de regarder son interlocuteur ou de positionner sa voix.
Donner des cours d’orientation universitaire ne se limite donc pas à : commenter des schémas du système éducatif, donner des adresses et sitographies ou indiquer les dates des inscriptions dans différentes composantes. Encore faut-il comprendre ce qui sous-tend certains choix (écoles/ université, public/ privé, confessionnel/ laïc…) avec les réseaux y correspondant et permettre aux étudiants de comprendre pourquoi à une formation et à un projet de vie donnés correspond une école ou une université et pas une autre, car chacune défend des valeurs différentes. Il s’agit bien de choix de vie, et non seulement de choix de formation, rendant l’OU fort complexe et nécessitant, en sus de tous les moyens numériques à notre disposition (simulateurs d’entretiens), l’utilisation de matériel technique (enregistrement de simulations d’entretien en vue d’analyse autocritique – rectification des postures ou mimiques…) ainsi que l’intervention de professionnels apportant leur témoignage en vue de permettre la prise de décision personnelle.
Extrait de la Tribune « l’aide à l’orientation » publiée dans le français dans le monde n °422 (http://www.fdlm.org/)
Par Philippe Marhic, Enseignant FLE et FOU au Delcife, Université Paris Est Créteil